Dernière mise à jour du contenu: 01/05/06
Dernière mise en forme: 14/02/12
Commentaires ? alexandre.gerussi@free.fr
Savoir esquimauter est une compétence fondamentale lorsque l'on pratique le kayak.
Chez les débutants ou les pratiquants en apprentissage, l'esquimautage permet souvent d'accélérer la progression car il rend
le kayakiste plus confiant et l'incite à prendre plus d'initiative, puisque la sanction en cas de dessalage n'est plus
(forcément) un bain souvent froid, pénible et suivi de l'inévitable séance de vidange.
Pour la pratique en rivière sportive ou en mer, l'esquimautage est une technique très importante de sécurité, autant pour le
dessalé lui-même que pour son entourage qui n'a plus besoin de courir les risques inhérents à tout sauvetage ou à toute
récupération de matériel.
Ce document expose quelques techniques d'esquimautage parmi les plus classiques. On accède aujourd'hui relativement
facilement à de la documentation concernant ces techniques sur la toile, mais elle est souvent en anglais, plus ou moins
complète et éparpillée. Ce qui est proposé ici est une compilation de divers documents, traduits pour l'occasion en français
et ponctués de quelques ajouts, en un bloc cohérent et immédiatement utile à tous ceux qui désirent apprendre ou
perfectionner leur(s) technique(s) d'esquimautage. On trouvera en fin d'article les références aux documents originaux,
souvent eux-mêmes repris d'autres références: signalons notamment que certaines images, réutilisées ici, proviennent de
l'ouvrage de Paul Dukty, The Bombproof Roll and Beyond, et que plusieurs articles proviennent du site de Chris Joose, qui a réalisé un effort appréciable de description de ce mouvement
complexe qu'est l'esquimautage.
En prime, le document est enrichi de quelques vidéos qui permettent de saisir également les aspects temporels des
mouvements.
Enfin, pour permettre une lecture plus facile des différentes ressources de la toile (notamment les articles originaux), un petit dictionnaire français/anglais spécial esquimautage est fourni.
Il existe une quantité impressionnante de techniques d'esquimautage présentant chacune des avantages et des inconvénients
selon les circonstances dans lesquelles on est amené à les utiliser. D'ailleurs, l'expression courante d'esquimautage à
l'épreuve des bombes (bombproof roll) ne désigne pas une technique théorique particulière mais plutôt la capacité chez
un pratiquant à réussir son esquimautage du premier coup, toujours, quelles que soient les circonstances.
L'esquimauteur expérimenté utilise toute une variété de techniques et de mouvements pour rétablir le bateau. La position et
les sensations sur sa pagaie, ainsi que sa connaissance des conditions dans lesquelles il a chaviré lui indiquent ce qu'il
doit faire pour se remettre à l'endroit.
Il est amusant d'expérimenter pour découvrir ce qu'il est possible de faire. Finalement, ce n'est pas la pureté technique qui
importe mais le fait que cela fonctionne dans les situations difficiles. Les débutants doivent se rendre compte qu'il y a un
monde de différences entre un esquimautage central réalisé en piscine et une manœuvre complexe effectuée du côté faible dans
de l'eau glacée et brassée lorsque l'on est fatigué et anxieux. Seul l'entraînement en situation réelle peut rendre
l'esquimautage meilleur et plus efficace. Par ailleurs, pour qu'il devienne réellement automatique, l'esquimautage doit être
pratiqué très régulièrement; ceci est particulièrement vrai pour les pagayeurs expérimentés qui ne sont virtuellement jamais
amenés à l'utiliser en situation réelle. Les adeptes du kayak "freestyle" sont souvent d'excellents esquimauteurs simplement
parce qu'ils esquimautent 30 fois par séance dans les positions les plus scabreuses.
Toutes les techniques combinent une forme ou une autre d'appui sur l'eau à l'aide de la pagaie ou de la main à une manœuvre appelée "rotation des hanches" dont l'objectif est de rétablir le bateau. En général, on amène son corps vers la surface par une torsion utilisant la taille, les genoux et les hanches puis on utilise sa pagaie pour empêcher le corps de replonger pendant la rotation des hanches: l'énergie potentielle du corps sous torsion est ainsi transformée en énergie "rotative" rétablissant le bateau. La qualité de l'appui est dépendante des circonstances: eau émulsionnée, courant, hauteur d'eau, orientation de la pagaie, etc. La qualité de la rotation des hanches est quant à elle pratiquement indépendante des éléments extérieurs, d'où l'idée générale disant que plus l'esquimautage est basé sur la rotation des hanches et plus il devient sûr.
Cela étant dit, l'esquimautage se décompose en général en quatre phases plus ou moins combinées suivant le type d'esquimautage, la vitesse d'exécution et l'aisance du pagayeur.
Enfin, il est important d'être à l'aise des deux côtés: c'est très pratique pour exploiter au maximum les circonstances présentes au moment du dessalage (côté de dessalage, position de la pagaie, sens du courant, etc). On observera notamment qu'il est bien plus facile de sortir côté aval, car le corps, sous l'eau, est naturellement poussé vers la surface côté aval et d'autre part l'eau procure un meilleur appui sur la pagaie. Si l'on sort côté amont et que l'on passe un peu trop de temps sur la tranche, la pression de l'eau fait replonger le bateau, surtout si le bateau a une vitesse négative par rapport à l'eau. Pour toutes ces raisons, on travaillera régulièrement les demi-esquimautages, où l'on sort du même côté que le dessalage et les tours complets, où l'on sort du côté opposé au dessalage.
L'action prépondérante dans le rétablissement d'un kayak chaviré est la "rotation des hanches". Cette technique est fondamentale et permet à elle seule, une fois maîtrisée convenablement, d'esquimauter grâce à la pointe d'un kayak venu au secours (ou tout autre appui) ou avec les mains seules.
Il est préférable d'apprendre le mouvement avec l'aide d'un assistant avant d'essayer d'utiliser une pagaie pour esquimauter: vous finiriez probablement à la nage, bateau à toujours à l'envers. Si vous n'avez pas la chance de disposer d'une piscine (et de son bord) pour vous entraîner, il vous faudra le faire en rivière (ou en lac) en utilisant la pointe avant du kayak de votre partenaire, comme démontré ci-dessous.
Afin de standardiser ces instructions, nous supposons que vous êtes droitier et que votre "bon côté" pour
esquimauter est celui utilisé dans les illustrations (i.e., vous sortez par la droite).
Placez les deux mains sur la pointe avant du kayak de votre partenaire et renversez le kayak autant que votre corps vous le permet. Votre tête devrait à présent être appuyée sur vos mains et votre oreille gauche très proche de votre épaule gauche. Votre flan gauche sera très près (s'il ne le touche pas) du bord de l'hiloire. Vous allez devoir faire travailler vos abdominaux afin de maintenir votre bateau à angle droit par rapport à celui de votre partenaire, faute de quoi le bateau s'échappe. Assurez-vous de maintenir ces muscles serrés afin de ne pas être penché sur l'arrière et de ne pas stresser votre épaule droite.
La rotation des hanches s'effectue en un mouvement rapide et puissant, sans être pour autant explosif. Votre genou
droit vient appuyer fermement vers le haut du kayak tandis que votre fesse gauche appuie sur le siège. Les muscles de
mouvement étant donné que ce sont ces parties du corps qui contrôlent la gîte du bateau. Étant retourné, on peut
visualiser mentalement ses genoux: le genou droit (du corps) est à gauche (du bateau retourné) et inversement. La
rotation des hanches va consister, autant que possible sans bouger le haut du corps, à rétablir la position normale
(genou droit à droite...) en un mouvement circulaire de la taille et des jambes.
Laissez votre tête posée sur vos mains pendant que vous remettez le kayak à l'endroit, jusqu'à ce que le kayak en rotation ne vous force à la décoller. L'instinct naturel est de hisser la tête hors de l'eau afin de respirer, mais vous devez aller contre cet instinct pour réussir la rotation des hanches et finalement, esquimauter.
L'angle que forme le corps avec le bateau n'est pas forcément un angle droit: suivant votre morphologie, vous allez vous sentir plus à l'aise en étant légèrement (voir beaucoup) penché sur l'arrière, ou à l'inverse, légèrement penché sur l'avant. Cela n'est pas une tare, bien au contraire: de toute façon il faut éviter de sortir le corps de l'eau perpendiculairement au bateau car c'est à ce moment que vous demandez la plus grande énergie pour vous redresser.
Cette image montre ce que l'on appelle la position de redressement. Remarquez que votre tête est passée de votre
épaule gauche à votre épaule droite. Une fois le kayak à l'endroit vous ramenez votre corps au dessus du kayak. Il ne
faut pas hésiter à enrouler le corps autour du bateau et à se pencher fortement sur l'arrière, voir carrément finir
avec la tête sur le pont arrière car c'est ainsi que vous effectuerez le redressement le plus économique sur le plan
énergétique.
Plus vous pratiquerez, meilleur vous deviendrez. Souvenez-vous: l'ensemble du mouvement ne devrait pas demander beaucoup d'efforts.
Ne JAMAIS soulever votre tête en essayant de hisser votre corps. En faisant cela vous appuyez beaucoup sur la
pointe du kayak et vous forcez sur vos bras et votre épaule droite. Vous forcerez également avec les muscles de votre
tronc pour tenter de replacer le kayak sous votre corps.
Plus vous deviendrez performant dans la rotation des hanches et moins vous exercerez de pression sur la pointe du kayak. Continuez à vous entraîner jusqu'à ce que vous puissiez le faire avec seulement quelques doigts en support. Laissez votre tête descendre plus profondément sous l'eau pour finalement n'avoir plus que la main droite en appui. Cela permet à votre corps de se placer plus loin sous le kayak qui pourra ainsi être complètement inversé. Tendez votre main gauche vers le haut tout en remontant votre corps et votre tête près de la surface et effectuez la rotation des hanches en exerçant une pression minimale sur le kayak de votre partenaire.
Une fois que vous maîtrisez la rotation des hanches, vous pouvez pratiquer le "sauvetage eskimo" avec l'assistance d'un partenaire. Au delà du fait que cette manœuvre puisse être utile lorsque vous dessalez, elle constitue un bon exercice lorsque vous débutez car elle vous entraîne à rester calmement dans un bateau retourné, vous apprend à vous orienter sous l'eau, à rester attentif aux événements à la surface et enfin à placer convenablement votre corps pour effectuer la rotation des hanches.
Si vous dessalez, un partenaire peut venir à vous et vous pourrez saisir une de ses pointes pour vous rétablir grâce à une rotation des hanches. Une fois à l'envers, penchez-vous vers l'avant, enroulez vos bras autour du kayak et frappez sur le fond plusieurs fois afin de prévenir votre partenaire que vous requérez son aide. Ensuite, balayez lentement le long du kayak avec vos mains en effectuant des aller-retour afin de repérer l'arrivée d'une pointe salvatrice. | ![]() |
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Entraînement à la rotation des hanches avec appui sur la pointe d'un partenaire. | Séquence complète de sauvetage eskimo. |
Dans les techniques à balayage, l'appui sur l'eau est obtenu par balayage de la pale active à la surface de l'eau, en formant un arc de cercle, sans mouvement vers le fond a priori. La pale évolue donc dans le plan horizontal formé grosso modo par la surface de l'eau. Ce type d'esquimautage jouit de deux caractéristiques intéressantes: d'une part le balayage procure en général un appui plus long (en termes de durée) qu'un appui classique situé dans un plan vertical, car ce dernier s'amoindrit rapidement lorsque la pale commence à s'enfoncer. D'autre part, lors du balayage, il peut y avoir également un mouvement rotatoire de la taille qui favorise le rétablissement du bateau.
L'esquimautage Pawlata est historiquement l'un des premiers esquimautages; il est aujourd'hui peu pratiqué, mais peut constituer une première étape d'apprentissage. Il est directement relié à l'esquimautage central, qui est probablement le plus utile des esquimautages, mais il est légèrement plus simple à réaliser car le plus grand bras de levier créé par le décalage des mains permet d'être plus approximatif lors de la rotation des hanches ou du redressement. L'objectif, cependant, est de passer à l'esquimautage central dès que celui-ci est maîtrisé.
La main qui contrôle est celle de devant, qui est placée au milieu du manche. La main arrière tient le bout de la pale arrière, le pouce vers le bas et les doigts recourbés à l'extrémité de la pale. La position préparatoire doit maintenant être accentuée. Il peut être utile qu'une personne maintienne le kayak afin d'éviter le dessalage, faute de quoi la position préparatoire doit se mettre en place pendant le retournement. Dans la position préparatoire finale, le pagayeur est entièrement tourné vers la pagaie au niveau de la taille et courbé autour du côté du bateau, le menton presque au milieu de la cuisse. La pagaie est toujours parallèle au bateau, mais sous l'eau. Les bras sont fermement plaqués sur le côté du kayak afin d'éviter que la pagaie ne se déplace pendant le chavirement. On devrait sentir la carre du bateau au niveau du coude arrière et du poignet avant. Finalement, on dessale en maintenant cette position jusqu'à la stabilisation complète du bateau. On se retrouve alors dans la position de départ qu'il faudra rechercher lors d'un esquimautage non préparé. |
La suite du mouvement consiste à effectuer un balayage circulaire avec la pale active à plat à la surface de l'eau, tout en procédant à la rotation des hanches.
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C'est également cette rotation du corps qui permet à la pagaie d'effectuer le large balayage à la surface de l'eau. Une fois que l'esquimautage Pawlata est maîtrisé, on peut passer au central sans rencontrer beaucoup de difficultés. Cela étant, cet esquimautage devrait toujours être pratiqué de temps à autre car il peut s'avérer utile en temps qu'esquimautage de secours, lorsque d'autres techniques ont échoué. |
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Tour complet en Pawlata, sans préparation. |
La rotation des hanches commence en même temps que le balayage. |
[...]Nous allons commencer par présenter la position de départ, puis tour à tour le balayage, la rotation des hanches et la fin du mouvement, avant de montrer quelques erreurs fréquentes et leurs remèdes.
La position de départ: quand vous serez à l'aise avec votre esquimautage, vous commencerez à réaliser que "la position de départ" est un mythe - nous l'utilisons pour décrire un point de départ, une position à partir de laquelle vous pouvez commencer votre esquimautage, mais qui n'est pas vraiment immuable. Ce que nous allons décrire est une position plutôt que la position de départ. C'est un outil d'apprentissage de grande valeur, un ingrédient dans cette recette que vous allez utiliser pour apprendre comment esquimauter, mais comme avec la cuisine, une fois que vous êtes habitué vous n'utilisez plus la recette. En d'autres termes, bien que nous allons présenter une position comme s'il s'agissait de la position, en réalité il y a des tas d'endroits d'où vous pouvez commencer votre esquimautage.
La position d'où nous allons commencer, cependant, est standard: retourné, avec votre pagaie parallèle au kayak d'un côté ou de l'autre, vos mains à (ou au-dessus de) la surface de l'eau. Cela vous oblige à être penché vers l'avant, regardant vers la surface, et d'enrouler votre corps d'un côté du bateau de manière à ce que votre tête soit proche de la surface, côté pagaie. La pale qui est à l'avant dans cette position sera votre pale "active", tandis que l'autre sera "inactive". Vos poignets devraient être tournés afin que la pale active soit plus ou moins à plat à la surface de l'eau. [...]
Le balayage: tout d'abord, on commence le balayage en dégageant la pale inactive, c'est-à-dire en la sortant de
l'eau suffisamment pour qu'elle puisse passer au-dessus de votre kayak chaviré (parfois cela aide de penser à placer
l'articulation du pouce de la main inactive sous le bateau). En même temps, on effectue un balayage circulaire à la surface
avec la pale active. Il n'est pas nécessaire qu'elle ait un angle "ascendant", bien qu'il soit très important qu'elle reste à
la surface. Une autre idée à saisir ici est que l'objectif est de chercher le plus loin possible latéralement - plus on
cherche loin, plus on a de levier pour rétablir le bateau. Pour cela, il faut que le bras actif soit plutôt tendu tandis que
la main inactive devrait être quelque part vers le milieu du tronc, en gardant la pagaie proche du corps et à plat par
rapport à l'eau. Souvenez-vous: la pagaie est une extension de vos bras, mais vos bras doivent se comporter comme une
extension de votre torse.
La première partie du balayage sert à dégager votre corps de dessous le kayak, afin que vous puissiez effectuer la rotation
des hanches. Vous êtes toujours sous l'eau, cherchant loin avec la pagaie.
Alors que le balayage progresse, il est important de remarquer que votre position par rapport à la surface change - vous commencez en-dessous et vous finirez au-dessus - afin que votre pale conserve toujours le même angle pendant que vous faites votre rotation des hanches, il est important de tourner votre poignet vers l'arrière, comme si vous mettiez les gaz sur une moto, afin d'empêcher que la pale ne devienne trop verticale et ne s'enfonce. Souvenez-vous: la pagaie va agir comme une aile et vous n'avez besoin que d'un tout petit peu d'appui - le contrôle de l'angle de cette aile par rapport à la surface est un des facteurs clef du succès de votre esquimautage.
Un autre concept important concerne l'action de vos bras: le balayage les force à bouger un peu, mais ils n'exercent aucune force - tout ce que font vos bras, c'est placer la pagaie et contrôler son angle - le vrai travail s'effectue plus bas, près de vos hanches.
La rotation des hanches: c'est le mouvement crucial de l'esquimautage. [...] Il commence rapidement après le début du balayage - en le commençant trop tôt, on ne bénéficie que d'un levier médiocre - alors que cela aide d'avoir un bon levier car cela revient à avoir une sensation de "solidité" sur la pagaie.
Ce que nous recherchons avec la rotation des hanches, c'est utiliser le bateau comme grue pour nous soulever hors de l'eau. Nous avons commencé dans une position enroulée, près de la surface de l'eau, et alors que le balayage commence et que nous ressentons la traction de notre pale active, nous pouvons utiliser l'énergie de cette traction pour utiliser le bateau et nous soulever hors de l'eau. On peut décrire la rotation des hanches précisément en disant que cela consiste à jeter la hanche qui est proche au dessus de la surface, ou à ramener la hanche qui est éloignée sous l'autre, ou en balançant le genou proche au dessus de l'eau, ou en tournant le bateau de manière à quitter l'eau avec la hanche proche en premier... finalement tout cela revient à la même chose - vous utilisez l'énergie de la pagaie pour retourner le bateau.
Il est vital de comprendre que votre tête doit sortir de l'eau en dernier - puisque c'est la partie la plus éloignée du centre de gravité, elle peut potentiellement exercer un grand bras de levier. Cela aide donc de la garder dans l'eau, où la poussée d'Archimède compense en grande partie cette force. [...]Parce que sortir sa tête de l'eau trop tôt est peut-être le moyen le plus sûr et le plus fréquent pour annihiler votre esquimautage, je recommande souvent aux élèves de s'imaginer en train de pousser contre l'eau avec la tête. Bien sûr, on ne gagne que très peu d'appui de cette façon, mais pour ce qui est d'éviter de sortir la tête trop tôt, c'est une technique très efficace.
Une autre technique qui semble aider les élèves est de regarder continuellement la pale active. Notez bien que la première partie de votre tête qui devra sortir de l'eau sera probablement la joue côté bateau. Rappelez-vous que vous finirez en regardant vers l'eau, vers votre pale active. Cela semble difficile à première vue, mais il en résultera un esquimautage fluide et sans effort.[...]
Le final: Maintenant que notre centre de gravité est plus ou moins au-dessus du centre de flottaison du kayak, il ne reste plus qu'à terminer le mouvement - c'est-à-dire amener le reste du corps au-dessus du bateau et se relever. Si nous effectuons une bonne transition avec la fin de la rotation des hanches (et nous devrions, puisque cela implique moins d'efforts et une diminution du rôle de la pagaie) nous bénéficions d'un élan assez conséquent. L'objectif est de "dérouler" la colonne vertébrale très progressivement: chaque fois que nous réussissons à "dérouler" un gramme de notre masse au dessus du bateau, nous aurons moins besoin de la pagaie pour finir le mouvement car le bateau travaille pour nous.
Si nous n'arrivons pas à nous dérouler complètement, nous sommes dans une situation qui requiert un appui avec la pagaie. En pratique, on continue le balayage vers l'arrière ou bien on l'inverse, et c'est ce support momentané qui permet le repositionnement du corps au dessus du bateau. [...]
Vous devriez finir assis droit dans le bateau, le regard tourné vers l'endroit dans l'eau que vous venez de quitter. Votre bras actif devrait être tendu vers l'appui que vous venez de terminer, tandis que votre main inactive devrait être assez basse et proche de votre torse. [...]
Erreurs fréquentes: si tout le monde arrivait à faire cela à chaque fois, cet article n'aurait de raison d'être. Heureusement, la plupart des problèmes avec ce type d'esquimautage tombe dans une des catégories suivantes:
Voici une autre séquence illustrant l'esquimautage central. Comme pour l'esquimautage Pawlata, il est important de bien dégager la pale arrière afin qu'elle puisse passer au-dessus du bateau: en cas de blocage (dessin 1), beaucoup de personnes se mettent à tirer sur la pagaie et dénaturent ainsi le mouvement. Le piège est que même avec ce faux mouvement, l'esquimautage peut continuer à fonctionner, incitant alors à de mauvaises habitudes. Il n'est pas rare de retrouver quelques temps plus tard ces mêmes personnes avec un mouvement très violent (ils tirent très fort sur la pagaie) et une réussite aléatoire. Vous leur rendrez service en leur rappelant que le mouvement central est un balayage à plat à la surface, qui ne nécessite à priori que très peu de traction sur la pagaie.
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Tour complet en central. |
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L'esquimautage Steyr est l'inverse du Pawlata. La pagaie balaye la surface d'arrière en avant et afin de permettre cela, la position de départ est atteinte différemment. Partant de la position préparatoire Pawlata (avant dessalage), on soulève la pagaie à la verticale; lorsqu'elle continue sa rotation après la verticale, la pale doit être orientée vers l'extérieur à l'aide du poignet, jusqu'à atteindre la position ci-dessus. Pour dessaler, on appuie vers le bas avec la pagaie et le corps suit le mouvement, arqué vers l'arrière et le côté. Comme dans l'esquimautage Pawlata, la taille et les hanches transforment la rotation du corps en rotation du bateau, mais cette fois, la rotation du corps s'effectue dans le sens inverse de celle du bateau car la pagaie effectue un balayage inverse. L'esquimautage Steyr est utilisé comme préliminaire à l'esquimautage rodéo, de la même façon que le Pawlata prépare le central.
L'esquimautage rodéo a donné lieu à de chaudes discussions dans le monde de l'eau vive. Est-il sûr ? recommandable ? n'endommage-t-il pas les épaules ? le visage ne risque-t-il pas un bon ravalement de façade ? Les détracteurs sont relativement nombreux pour un certain nombre de raisons, mais ne laissez personne dire que ce type d'esquimautage n'est pas efficace ou rapide, car c'est justement l'un des plus rapides qui soit. De plus, les circonstances peuvent être telles que l'esquimautage rodéo soit le seul esquimautage possible si l'on veut utiliser la pagaie. Ainsi, ce style d'esquimautage peut valablement compléter la boîte à astuces de n'importe quel pagayeur.
Dans cet article nous allons présenter une méthode permettant d'apprendre et d'utiliser l'esquimautage rodéo, et nous discuterons également des dangers inhérents à une mauvaise exécution, ou à une utilisation inappropriée. Mais avant d'en venir à cela, commençons par dire ce que l'esquimautage rodéo n'est pas:
Nous supposons que vous savez faire un esquimautage central ou en suspension. Les ingrédients sont pratiquement identiques: vous allez prendre position, effectuer un balayage avec la pagaie, une rotation des hanches et un redressement avec votre tête sortant en dernier, comme pour les esquimautages que vous connaissez déjà. La mauvaise nouvelle, c'est que les sensations lors d'un esquimautage rodéo sont complètement différentes du central ou de la suspension.
L'esquimautage rodéo est un esquimautage à balayage, mais avec la pale active allant de l'arrière vers l'avant. La position de départ est différente car au lieu de regarder la surface, le pagayeur regarde plus ou moins le fond.
Commençons retourné, penché sur le pont arrière du bateau, regardant le fond. C'est une position où l'on est vulnérable -- d'après la loi de Murphy, un rocher viendrait d'abord rebondir sur votre plexus solaire puis sur votre visage. Conscient de cela, la première chose à faire est de vous protéger, en tournant votre torse d'un côté ou de l'autre, et ce choix détermine quelle pale vous allez utiliser. Nous supposerons ici que vous tournez à gauche, ce qui signifie que c'est votre pale droite qui sera la pale active.
Pendant cette phase, il est vital de garder vos mains devant vous -- pas sur le côté, pas au-dessus de votre tête, pas derrière vous ou au dessus de vos épaules: si vous voulez placer votre pale ainsi, tournez votre torse en conséquence. Gardez vos coudes repliés et bas en évitant de les placer au-dessus de vos épaules.
Ok, maintenant que nous avons tourné notre torse (et la tête), parlons de la pagaie. La pale active (dans notre main droite) devra avoir migré quelque part à côté de (ou sous) la pointe arrière, et comme nous avons tourné sur notre gauche et que nous regardons la surface autant que possible, votre main devrait être grosso modo devant votre visage. Votre coude droit devrait être maintenant fermement en travers du torse (vers l'épaule gauche), et le seul détail dont vous devez vous soucier est de sortir la pale inactive hors de l'eau. On utilisera la face interne de la pale active, c'est-à-dire celle que l'on utilise pour se propulser habituellement. Le poignet droit sera plutôt tordu dans cette position, mais il faut passer par là pour garder les coudes devant et en-dessous des épaules. À défaut, le risque de se déboîter l'épaule augmente fortement.
Donc, en résumé, la phase préparatoire consiste simplement en une rotation du torse, un dégagement de la pale inactive hors de l'eau et un placement de la pale active du côté où vous allez sortir. Oui, ça va être rapide.
Note à propos du choix du côté: si votre pagaie à un angle disons supérieur à 30°, alors il est beaucoup plus facile d'esquimauter à droite (avec la pale droite) qu'à gauche. Cela est dû au fait que d'une part, vous allez devoir casser énormément votre poignet pour avoir une pale gauche "ascendante" lors du balayage et que d'autre part, la pale droite inactive à tendance à s'enfoncer dans l'eau alors qu'il faut la faire sortir de l'eau (si c'est la pale gauche qui est inactive, elle a tendance à monter vers la surface, c'est l'idéal).
Le balayage commence maintenant et c'est là que vous allez apprécier l'effort effectué par les muscles de votre dos lorsque vous faites une circulaire classique; en effet, cette fois ce sont quasiment entièrement les abdominaux qui vont effectuer la circulaire inverse. Beaucoup de personnes trichent et utilisent leurs muscles dorsaux et leurs épaules pour exécuter le mouvement, mais dans l'esquimautage rodéo, les bras servent essentiellement à tenir la pagaie, et non pas à effectuer le balayage en lui-même. Répétons-le: ce mouvement est laissé aux abdominaux.
Utilisez la pale avec un angle très légèrement ascendant pour balayer d'arrière en avant en vous replaçant vers l'avant dans le cockpit (souvenez-vous: vous avez commencé la manœuvre penché sur le pont arrière). Lorsque le balayage vous aura dégagé le corps de dessous le bateau, effectuez la rotation des hanches en cherchant à amener le bateau sous vous. Votre balayage devrait se terminer penché sur l'avant. Si vous n'êtes pas entièrement rétabli lorsque vous arrivez sur l'avant, il vous suffit d'inverser le balayage pour terminer comme en central.
Durant toute la manœuvre, vous n'avez jamais besoin de regarder vers le haut, et contrairement à un esquimautage central ou en suspension qui se terminerait sur l'avant, vous ne tournez à aucun moment ni la tête ni le haut du corps -- considérez que le balayage s'effectue en regardant constamment plus ou moins vers le bas.
Lors de la phase finale, beaucoup d'entre vous seront tentés d'étendre le bras et le coude loin du bateau pour obtenir un meilleur levier. Après tout, c'est le principe des appuis, n'est-ce pas ? Pour faire court: "oui, mais ce n'est pas ainsi que vos épaules fonctionnent". Gardez vos coudes devant le torse et en-dessous des épaules tout le long de la manœuvre. Vous ne cherchez qu'à utiliser la puissance de votre buste, pas de vos bras -- ils ne devraient servir qu'à tenir la pagaie fermement. Si vous essayez de faire jouer vos bras, avec vos coudes hors de la zone "magique" située devant votre torse, vous pouvez vous blesser.
Au début de la manœuvre, il est également tentant d'étendre vos bras au-dessus de votre tête et de placer vos coudes en mauvaise position, car après tout, cela consoliderait vos poignets et vous donnerait une meilleure saisie de la pagaie, non ? Eh bien, effectivement, cela fonctionnerait, mais cela mettrait également votre épaule dans une position où elle n'est pas structurellement stable. Gardez à l'esprit que cet esquimautage doit également être utilisable dans un rouleau et si vous stressez de trop votre épaule lorsqu'elle est dans cette position, avec votre coude grosso modo derrière la tête, vous courez un très grand risque de blessure.
Quand vous vous renversez en regardant vers le bas, la première chose à faire est de tourner votre tête et votre torse pour regarder du côté où vous allez sortir. Aussi rapidement que possible, placez votre main, coude et manche de pagaie en travers de votre torse pour vous protéger le visage d'éventuels rochers. Il vaut mieux prendre les coups avec ces parties là qu'avec votre nez ou vos dents.
J'ai passé beaucoup de temps à parler des dangers inhérents à une mauvaise exécution du mouvement mais il n'est pas intrinsèquement dangereux. Au contraire, l'esquimautage rodéo est à la fois efficace et sûr (ai-je dis qu'il était rapide ? ;-) lorsqu'il est fait correctement. Entraînez-vous ! Soyez prudent et faites vous plaisir.
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Tour complet en rodéo. |
Dans ce style d'esquimautage, l'appui est produit par un mouvement vertical de la pale, plus précisément un mouvement situé dans le plan vertical et perpendiculaire à l'axe du kayak (le plan médiateur des pointes), de façon similaire aux traditionnels appuis en poussée ou en suspension. À titre informatif, sachez qu'il existe aussi des esquimautages utilisant un mouvement de pale situé dans le plan vertical et parallèle à l'axe du bateau.
L'esquimautage latéral est un esquimautage assez répandu en France et encore assez souvent enseigné aux débutants. On peut le critiquer de multiples manières:
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La suite de l'esquimautage est relativement aisée pour deux raisons: d'une part la pagaie fournit un appui très solide et d'autre part, le geste est très proche de celui effectué lorsque l'on s'entraîne à la rotation des hanches sur le bord de la piscine. Il suffit de considérer la main droite comme étant posée sur le bord de la piscine (ou la pointe d'un kayak), et le tour est joué. La main gauche maintient fermement la pale pour l'empêcher de plonger et créer le levier.
Jusqu'à présent, la position a été atteinte par dessalage à partir de la position du salut de la reine. Dans la pratique, les choses ne se passent pas ainsi. Nous allons donner deux techniques pour atteindre la position de départ, étant entendu que la liste est très loin d'être exhaustive, chacun développant ses propres réflexes au fil du temps.
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Demi-esquimautage latéral à partir de la position du salut de la reine. | Tour complet en latéral, sans préparation. |
Cet esquimautage est efficace et facile à mettre en place une fois maîtrisée la rotation des hanches, car le mouvement est complètement similaire à l'esquimautage avec les mains sur le bord de la piscine ou sur la pointe d'un kayak. L'ensemble de la mise en place consiste à placer sa pagaie en position d'appui en suspension: le corps est alors perpendiculaire au bateau et courbé en forme de "C" ouvert vers la surface. À ce moment l'énergie est emmagasinée dans la flexion du corps. On applique alors la rotation des hanches sans même tirer sur le bras: la tête ne bouge pratiquement pas et le corps se retrouve alors courbé en forme de "C" ouvert vers le fond (d'où le nom "C à C"): l'énergie s'est libérée et a permis de redresser le bateau. Pour la sortie de l'eau, on utilise l'appui ainsi que le classique mouvement d'enroulement-tête-en-dernier, éventuellement penché en arrière ou en avant.
On peut considérer l'esquimautage en suspension comme étant légèrement moins fiable que le central, car ici l'appui est donné dans un plan vertical et ne peut être que très bref: si un mouvement d'eau vient perturber cet appui instantané, il peut être délicat de finir le mouvement. Par son appui en balayage, le central offre plus sûrement un appui solide et durable au pagayeur.
![]() Ce diagramme montre la position de départ pour un esquimautage main droite. Une fois retourné, enroulez-vous sur votre gauche (les abdominaux travaillent) et placez vos mains en dehors de l'eau tout en maintenant vos avant-bras contre le kayak. Tournez le poignez droit de manière à donner à la pale un angle légèrement ascendant afin de l'inciter à rester à la surface pendant le balayage (étape suivante).
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Le début de la séquence peut faire croire à un esquimautage central, notamment le mouvement de la pagaie. Cependant, il
n'y a pratiquement aucune rotation de la taille dans l'esquimautage en suspension. Les hanches redressent le bateau par un
mouvement purement latéral. Beaucoup de pagayeurs esquimautent en central (avec la rotation du buste) mais une fois la pagaie
perpendiculaire au bateau, ils finissent le mouvement comme l'esquimautage en suspension plutôt que de continuer le balayage
vers l'arrière.
On constate une fois de plus qu'au delà des techniques "pures" décrites ici, les pagayeurs utilisent une combinaison de
mouvements développée au fur et à mesure des années de pratique, qui leur est finalement très personnelle.
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Tour complet en suspension. |
Lorsque vous avez développé une bonne rotation des hanches, vous pouvez esquimauter avec vos mains uniquement. Dans
l'illustration ci-dessous, la rotation des hanches est très importante car il s'agit d'impulser au bateau suffisamment
d'énergie pour soulever le corps lorsqu'il coupera la surface. La main supérieure est souvent jetée par-dessus le kayak pour
augmenter le couple. Comme pour les esquimautages avec pagaie, le redressement peut s'effectuer penché sur l'arrière ou sur
l'avant. Si le corps est très proche du kayak et que les forces de flottaison sont pleinement utilisées, on peut achever un
esquimautage en n'utilisant qu'un petit mouvement des mains.
La capacité à esquimauter avec les mains est plus qu'un simple jeu. En kayak polo, les joueurs perdent souvent leur pagaie,
et même sur les rivières les plus sauvages, un esquimautage avec les mains pourra vous sauver la mise ou vous aider à
récupérer une pagaie perdue.
L'entraînement à l'esquimautage avec les mains est progressif, avec de moins en moins de support de flottaison. On peut
débuter avec une planche de piscine et finir avec un petit bout de polystyrène, jusqu'à ce que les mains seules suffisent.
Précisons également que contrairement à ce que l'on pourrait croire, l'esquimautage avec les mains est sous bien des rapports
plus facile que l'esquimautage avec une pagaie.
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Posséder un esquimautage à la main sûr est très, très plaisant. Avec ce savoir faire, même l'idée de perdre sa pagaie et de chavirer n'est plus si effrayante. Même si l'on est rarement appelé à l'exécuter, il est bon de savoir le faire ne serait-ce que pour la paix de l'esprit qui en résulte. N'avez-vous jamais eu ce rêve où vous étiez retourné avec une pagaie cassée dans les mains ? Rien de bien grave, "je n'ai pas besoin de pagaie pour esquimauter", direz-vous.
La bonne nouvelle est que l'esquimautage avec les mains est le plus rapide des esquimautages. Boum, c'est fait. La mauvaise nouvelle, c'est qu'il faut y mettre les formes, aucun relâchement n'est autorisé, et que ceux d'entre vous qui ne sont pas franchement souples pourraient rencontrer quelques difficultés.
Comme pour tous les esquimautages, il est utile de savoir le démarrer de n'importe quelle position et d'avoir plusieurs
options à disposition. Ainsi, il est utile de savoir l'exécuter des deux côtés, en demi-esquimautage ou en tour
complet.
Je vais parler essentiellement de deux types différents: démarrer sur l'arrière en finissant soit sur l'arrière soit sur
l'avant.
L'esquimautage manuel arrière à deux battements débute exactement dans la même position que l'esquimautage rodéo:
retourné, penché sous le pont arrière, regardant le fond de la rivière. Comme c'est une position dangereuse, la première
chose à faire est de choisir un côté, de tourner le torse vers ce côté, d'amener la main de ce côté vers la surface (appelée
"main supérieure") et l'autre ("main inférieure") en travers du torse, protégeant le visage et tendue vers la surface.
Pagayez par petits mouvements rapides avec vos mains ("faites le chien") pour remonter votre corps le plus près possible de
la surface. Dès que vous y êtes, commencez le mouvement:
Mise en place: démarrer de manière similaire à l'esquimautage précédent, en faisant le chien pour amener la tête et les épaules le plus près possible de la surface. Si vous êtes suffisamment souple pour sortir votre tête de l'eau rien qu'en faisant cela, laissez-la dans l'eau et continuez à regarder vers le fond.
Balayage: balayez agressivement la surface avec votre corps, d'arrière en avant. Lorsque votre corps passe environ à la
perpendiculaire du bateau, vous constaterez qu'il semble naturel d'effectuer la rotation des hanches de manière à continuer
le balayage vers l'avant, tout en regardant vers le bas (si vous essayez de tourner le torse et de regarder vers le haut,
vous allez effectuer la rotation des hanches à l'envers et finir sous le bateau).
Continuez le balayage jusqu'au bout pour finir penché sur l'avant. Arrivé presque en bout de course, jetez le bras côté
bateau à travers le pont avant, pour acquérir plus de stabilité. N'essayez pas de sortir la tête de l'eau avant que le bras
ne forme le contrepoids.
L'esquimautage avec les mains n'est pas inaccessible, malgré sa réputation de manœuvre réservée aux experts. Avec suffisamment de souplesse physique et mentale, on peut le considérer comme raisonnablement plus facile que l'esquimautage avec pagaie. Il vous suffit de vous entraîner et d'y croire, et la force sera avec vous.
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Esquimautage arrière/arrière avec les mains. |
Vous avez pratiqué avec succès en eau calme ou moyennement vive pendant quelque temps et vous maîtrisez plusieurs
techniques d'esquimautage aussi bien du côté gauche que du droit. Cela vous a sûrement permis une plus grande prise de risque
dans votre navigation et cela a constitué un vecteur de progrès important.
Seulement voilà: vous dessalez de plus en plus rarement, ce qui ne favorise pas votre auto-entraînement à l'esquimautage et
de surcroît, vous dessalez dans des circonstances de plus en plus difficiles: gros rouleaux, gros trains de vagues, eau
rapide et peu profonde, etc. Sans le savoir, vous êtes peut-être à un tournant de votre carrière de pagayeur: votre
niveau de navigation approche ou dépasse votre niveau d'esquimautage, ce qui signifie que votre réussite à
l'esquimautage devient trop aléatoire pour pouvoir compter dessus lorsque vous en avez réellement besoin: vous savez
esquimauter dans beaucoup de situations, mais en vérité, surtout celles où vous ne dessalez jamais !
Il n'existe pas de remède miracle face à ce genre de problème: comme nous l'avons dit dès le début de ce document,
l'esquimautage doit être pratiqué très régulièrement et dans des situations compliquées afin que votre maîtrise de l'exercice
puisse évoluer conjointement à votre navigation et rester un outil efficace.
Dans cette section, nous examinons les stratégies à développer dans les "situations compliquées" les plus courantes. Cela
peut vous aider d'une part à analyser et comprendre certains de vos échecs à l'esquimautage et d'autre part à établir un plan
de travail lors de vos entraînements.
L'analyse des échecs est d'une importance capitale afin de les démystifier et ne pas entamer votre confiance en vous même:
pour réussir un esquimautage difficile, il faut d'abord y croire...
Savoir esquimauter dans les rouleaux est une compétence importante, car tôt ou tard nous
finissons tous dedans, et pour pouvoir sortir (ou rester, suivant votre objectif), être à l'endroit est un préalable
incontournable.
Sous plusieurs aspects, esquimauter dans un rouleau est plus facile qu'en eau plate ou dans les zones de cisaillement, car en
pratique l'eau vous aide durant la manœuvre. Cependant, ce "coup de pouce gratuit" est accompagné d'un formidable challenge:
les rouleaux forment un endroit chaotique et la vieille formule "préparation, balayage, rotation des hanches" ne fonctionne
pas sauf si vous choisissez la bonne préparation du bon côté.
Un rouleau est une zone très puissante, ce qui signifie que vous devez être bien plus attentif à la manière dont vous vous positionnez. Heureusement, cette force peut être utilisée pour faciliter l'esquimautage. La phase la plus difficile est de s'adapter à la situation de manière à exploiter toute cette puissance. Le risque, c'est que si vous vous trompez, vous pouvez vous blesser.
Maintenez TOUJOURS vos mains devant vous quand vous êtes dans un rouleau. Si elles doivent être ailleurs, tournez le buste en conséquence, maintenez vos coudes bas et resserrés, et vos mains devant vous. Ceci est valable lorsque vous êtes à l'endroit dans un rouleau et encore plus lorsque vous êtes à l'envers.
Vous êtes donc dans le rouleau, bousculé, que faire ? Dans un monde idéal, vous allez réussir à vous positionner pour l'esquimautage côté aval avant que vous ne dessaliez. Ceci vous permettra de faire simplement un appui sur l'eau dure qui vous pousse vers la surface (dans l'esprit de l'esquimautage en suspension), super facile.
...Mais peut-être qu'il s'agit d'un rouleau secouant, ou complètement sauvage, ou rapide, et vous n'avez pas eu le temps de vous préparer. Que faire ? Il y a une technique qui marche plutôt bien, mais elle demande une certaine compréhension de la forme du rouleau. Vous êtes donc retourné, secoué comme l'épave flottante que vous êtes, vous remarquerez que vous pouvez dire à quel moment vous touchez l'eau dure du fond du rouleau. Dès que vous la sentez, tournez votre buste de manière à regarder vers l'aval, c'est-à-dire dans la direction où l'eau dure s'écoule. Utilisez votre tête: si l'eau la pousse dans une certaine direction, regardez par là et tournez votre buste. C'est la première étape. [...]
Suivant la direction d'où vient l'eau dure, vous devez réaliser un certain nombre de choses:
Direction d'où vient l'eau lorsque vous êtes retourné | Ce qu'il faut faire |
Votre gauche (esquimautage en suspension) |
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Votre droite (esquimautage en suspension) |
Même chose que précédemment, mais de l'autre côté. |
De l'avant (esquimautage rodéo) |
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De l'arrière (esquimautage central) |
Penchez-vous sur l'avant, choisissez votre côté puis balayez d'avant en arrière comme dans l'esquimautage central. Gardez à l'esprit que vous allez finir orienté vers l'aval, donc ne vous penchez pas trop en arrière et débrouillez-vous pour ne pas vous faire attraper la pointe arrière: ce serait reparti pour un tour. |
Encore une fois: vos mains sont solidement placées devant vous et vos coudes sont bas. En tournant votre torse pour regarder l'aval, vous dégagez une des pales du courant tandis que l'autre se positionne dans un flux d'eau dure qui va vous ramener à l'endroit. [...]
ATTENTION: si, pendant l'exécution de cette manœuvre, votre coude remonte, qu'il ne reste pas solidement replié devant vous, ou que vous ne laissez pas vos mains en face du buste ou de la tête, vous êtes susceptible de placer votre épaule sous pression dans une position où elle n'est pas franchement solide. Gardez à l'esprit que les pagaies longues sont un handicap pour cette manœuvre. Les manches courts vous permettent un meilleur contrôle des pales, facilitent la mise en place et fournissent à l'eau moins de levier pour tirer sur vos articulations. [...]
Quelques réflexes de protection à méditer:
Les grosses vagues peuvent être vraiment amusantes, mais présentent également diverses difficultés. On peut y faire des tas de choses géniales, comme les rocket-moves, wave-wheels, le bon vieux surf, etc. Mais on se renverse dans les gros trains de vagues et nous y avons tous foiré des esquimautages. Les grosses vagues forment donc une sorte de vaudou que l'on ne peut pas vraiment approcher en toute sérénité. Dans cet article, nous allons parler de ce qui se passe dans les trains de vagues, certaines des choses qui peuvent aider ou faire échouer un esquimautage, et quelques stratégies pour rendre votre esquimautage plus efficace et plus sûr dans les grosses vagues. [...]
Pour commencer, il est utile de comprendre ce que fait l'eau dans une vague. L'eau est constamment en train d'accélérer puis de décélérer lorsqu'elle approche la prochaine crête. En fait, la masse d'eau qui s'écoule vers l'aval se détend, se compresse puis se détend à nouveau, en plus du mouvement de bas en haut que nous remarquons tous immédiatement. Ces informations nous donnent le début d'un plan d'attaque pour comprendre les challenges auxquels nous nous confrontons pour effectuer les mouvements de base, comme esquimauter ou faire un appui, dans cet environnement.
D'abord, la bonne nouvelle: dans un environnement dynamique et hautement prévisible comme celui-là, il y aura des forces que nous pourrons exploiter pour rendre l'esquimautage bien plus aisé physiquement que sur l'eau plate. La mauvaise nouvelle, bien sûr, c'est qu'il faudra faire face à des contraintes de timing; la force qui vous aide à un certain moment peut s'inverser l'instant d'après et vous résister.
[...] Trois facteurs vont déterminer votre stratégie d'esquimautage dans les vagues: les forces d'accélération et de décélération, les fluctuations de gravité et le grain de la vague. Le moment où la gravité est moindre se situe au sommet de chaque vague, le maximum d'appui sur la pagaie s'obtient dans le creux de la vague. Vous sentez plus de gravité lorsque vous montez une vague que lorsque vous la descendez. Le reste est question de timing et se base sur la technique d'esquimautage que vous connaissez déjà, avec une étape supplémentaire: nous l'appellerons la préparation active.
Lorsque vous êtes sur la face descendante d'une vague, vous êtes dans une eau qui accélère vers le creux. De façon similaire, lorsque vous êtes sur la face montante, l'eau ralentit. Il est important de comprendre cela car en présence de forces d'accélération et de décélération, votre équilibre va être affecté et votre esquimautage aussi. Si vous êtes dans un bus qui accélère, vous devez vous pencher en avant pour garder l'équilibre. S'il ralentit, il faut se pencher en arrière. En d'autres termes, être "droit" ne signifie pas forcément être à la verticale lorsqu'il s'agit d'équilibre. Souvent, on est tenté de penser qu'il faut esquimauter de façon à sortir du côté 'haut' (ndt: celui d'où vous voyez le sommet) de la pente d'une vague, mais en fait ce n'est pas le cas. L'eau cherche son propre équilibre et la pente de la vague est sa manière de s'équilibrer si l'on tient compte des forces d'accélération en présence. Cela signifie que si vous bougez avec l'eau, cela n'a aucune importance du point de vue de l'équilibre d'esquimauter du côté 'haut' ou 'bas' de la pente d'une vague, et d'ailleurs, étant donnés d'autres éléments dynamiques de la vague, l'esquimautage côté 'haut' peut être plus délicat que du côté opposé. [...]
Alors que vous montez ou descendez sur les vagues, vous êtes sujet à un accroissement ou une diminution de la gravité. Au creux de la vague, alors que vous entamez la remontée, vous vous sentez plus lourd que d'habitude, tandis qu'au sommet, en entamant la descente, vous vous sentez léger. Bien sûr, être 'lourd' n'est pas si dramatique - sauf si votre rotation des hanches est un peu faiblarde - car une fois que le bateau est à moitié rétabli, la gravité agissant sur le bateau l'incite au rétablissement complet. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas moyen d'utiliser les moments de moindre gravité à son avantage, par exemple pour la phase de redressement.
La vague est une structure modelée par la pression, la gravité et l'inertie, et c'est de l'intérieur de cette structure que vous allez obtenir votre traction, c'est-à-dire que vous allez pousser ou tirer avec votre pagaie ou vos mains pour esquimauter. Comprendre la forme de la vague de l'intérieur est évidemment important, car sans cela, vous serez incapable de prédire où et quand votre pagaie trouvera du support. Il est également important de remarquer que vous et votre pagaie pourriez subir de multiples cycles dans la vague. Par exemple, il n'est pas rare de se trouver dans la phase montante d'une vague (ralentissement) pendant que votre pagaie (en aval) est encore dans la phase descendante, en accélération. [...]
Par grain, nous désignons, pour un certain élément de la rivière, la tendance à pousser le bateau dans une certaine direction. Par exemple, un contre-courant à droite à tendance à avoir un grain rotatoire dans le sens des aiguilles d'une montre[...]. Le même phénomène a lieu dans une vague. [...] Le résultat, comme vous l'avez sûrement remarqué, est que durant le cycle complet d'une vague, vous allez être poussé dans un sens puis dans l'autre. Le grain va évoluer avec les forces qui créent la vague. Lorsque l'eau atteint le sommet de la vague, celle qui se trouve en surface passe de la montée à la descente et de la décélération à l'accélération. De manière générale, à chaque phase de transition, le grain va s'inverser.
Une vague non-déferlante comporte deux transitions par cycle - la crête et le creux - ce qui signifie que pendant un cycle complet, vous allez être poussé dans un sens puis dans l'autre, et ceci est une caractéristique qu'il est utile à prendre en compte car c'est la base pour rendre l'esquimautage 100% fiable dans les gros trains de vagues.
Cette 'poussée' ne va pas uniquement affecter la manière dont nous pouvons utiliser les forces à notre avantage, elle va également être un peu perturbante dans un premier temps, et cela va modifier la manière dont nous préparons l'esquimautage. Si vous n'arrivez pas à préparer l'esquimautage comme vous le souhaitez, comment pourrez-vous jamais réussir à esquimauter ? Et si vous ne comprenez pas où votre préparation doit être, comment allez-vous la réaliser correctement ?
Si vous avez l'habitude d'attendre le renversement complet, puis d'étendre vos bras hors de l'eau avant d'essayer
l'esquimautage, vous allez être intéressé par la préparation active.
Au lieu de vous laisser bousculer en attendant d'être "stabilisé", vous allez placer votre pagaie sur le côté du bateau,
comme vous le feriez pour n'importe quel esquimautage, et commencer un balayage en surface avec un angle ascendant sur la
pale active. En inversant éventuellement le balayage (et l'angle, qui doit toujours être ascendant), tout en étant sous
l'eau, vous pouvez ainsi godiller jusqu'à placer votre corps tout près de la surface avant de débuter la rotation des
hanches.
Bien, nous avons beaucoup parlé du fonctionnement des vagues et nous avons introduit une technique active de préparation des esquimautages, mais comment fait-on présentement pour UTILISER toutes ces informations ?
Si vous esquimautez côté amont, faites-le juste avant la crête de la vague. Le plus simple sera de vous mettre en place activement le plus près possible de la surface, d'attendre que vous soyez dans la phase ascendante et de minuter votre rotation des hanches afin qu'elle se finisse avant que votre pagaie n'atteigne le sommet de la vague. De cette manière, la pagaie bénéficie de la poussée ascendante de l'eau, tandis que le reste du corps commence à descendre et à accélérer vers le creux.
Si vous esquimautez côté aval, faites-le juste après la crête de la vague. Vous allez bénéficiez d'une gravité moindre, et votre pagaie aura l'appui solide fourni par l'eau qui accélère vers le creux de la vague.
Si votre bateau est dans l'axe du courant, vous pouvez esquimautez quand vous voulez, mais vous remarquerez que l'effondrement qui a lieu sur la face descendante d'une vague n'aide pas beaucoup. Utilisez cette phase pour faire votre préparation active et minutez l'esquimautage de façon à vous servir de votre pagaie dans la poussée de la face montante de la vague.
Les vagues déferlantes forment une grande exception. Vous ne pouvez esquimauter que d'un côté: l'aval. Cependant, cela relève davantage de l'esquimautage en rouleau.
Avec un esquimautage fiable dans les vagues, le plaisir ne sera plus limité que par votre imagination et les lois de la Physique. Amusez-vous bien !
S'il est une chose qui semble poser problème à tout le monde et plus particulièrement aux débutants, c'est la stratégie à employer lorsque l'on se renverse en eaux peu profondes et rapides. La réponse simple est: "la même chose que dans n'importe quelle circonstance: esquimauter". Bien entendu, ce n'est pas vraiment aussi simple, sinon cela ne ferait peur à personne; après tout, il y a des rochers qui arrivent, non ? Oui, mais en même temps, la réponse est simple: il faut esquimauter à l'opposé des rochers si vous vous dirigez vers eux, et côté aval sinon.
Lorsque je suis en eaux peu profondes ou inconnues, que je me déplace vite vers l'aval, j'essaie d'esquimauter côté amont, et voici pourquoi: c'est de l'aval que viendront probablement les dangers et je préfère prendre des coups sur mon dos que sur mon visage.
Vous étiez encore à l'endroit il y a une fraction de seconde, c'est le moment de procéder à une analyse de la situation, basée sur ce que vous avez pu apercevoir. Où sont les dangers ? Combien de temps avez-vous ? Voici quelques idées à considérer.
C'est le thème d'innombrables débats où les intervenants sont passionnés. Certains arguent qu'il faut toujours démarrer sur l'avant afin de protéger son visage au mieux, tandis que d'autres prétendent qu'il faut esquimauter de n'importe quelle position, l'essentiel étant de le faire le plus vite possible. Mon opinion est que les deux points de vues se défendent dans une certaine mesure. Si on a le choix entre se pencher en avant ou en arrière, l'avant donne une meilleure protection, mais si l'on se retrouve plaqué sur l'arrière après le dessalage, il semble plus judicieux d'exécuter un esquimautage rodéo (qui protège aussi le visage s'il est effectué correctement) immédiatement. Ce que je ne fais jamais, c'est me redresser sur l'avant lorsque je suis plaqué sur l'arrière, et réciproquement. Enfin, j'esquimaute côté amont pour éviter les rochers qui arrivent, comme expliqué plus haut (ndt: en temps normal, on esquimaute côté aval pour profiter de la force de l'eau).
C'est également le thème d'innombrables débats. Les partisans de l'avant arguent que cela vous met dans une meilleure position à la fois pour faire un appui ou pour recommencer un esquimautage le cas échéant. Les partisans de l'arrière estiment qu'ils esquimautent mieux de cette manière. Mon avis est que vous pouvez finir comme vous voulez, mais qu'il est payant de savoir finir dans n'importe quelle position. J'ai tendance à préférer finir sur l'avant mais ce qui fonctionne pour vous est probablement le mieux et aucune 'règle' de ce genre ne devrait être considérée comme absolue.
L'esquimautage n'est pas une formule. C'est une histoire d'appui avec la pagaie ou les mains de façon à effectuer une rotation des hanches et à rétablir le bateau. Vous n'avez pas besoin de balayage, ni d'aller en position de départ, il vous suffit d'appuyer sur un peu d'eau, rétablir le bateau et finir à l'endroit. Donc au lieu d'avoir une approche du genre 'se pencher sur l'avant, mise en position, balayage, rotation des hanches, faire quelque chose de sa tête', simplifiez les choses: vous dessalez, vous esquimautez, point barre. Oubliez le mythe de la bonne recette; il y a des tas de bonnes recettes. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: il y a bien des façons d'esquimauter 'mal', en premier lieu de rater l'esquimautage ou de se blesser en le faisant. Mon point de vue est qu'il y a autant de bonnes façons d'esquimauter qu'il y a de circonstances où il faut le faire, et la différence entre les esquimauteurs moyens et les experts, c'est que les experts ont dépassé leurs recettes: ils esquimautent de la position où ils sont et finissent là où ils le veulent.
Si la pensée d'être à l'envers quand ça va vite et qu'il n'y a pas de fond vous intimide, il est important que vous soyez clair avec vous même: vous n'avez le temps que d'une chose, et c'est esquimauter. Si vous avez peur, c'est que vous passez plus de temps à avoir peur qu'à esquimauter. La peur est un passager à l'arrière qui vous crie dans les oreilles toutes les mauvaises choses qui pourraient arriver.
Si vous êtes effrayé, donnez-vous le temps et l'espace émotionnel simplement pour esquimauter. Vous n'avez pas besoin de vous dépêcher, faites-le, c'est tout. Si vous êtes effrayé, traitez-le comme une simple information: ce n'est pas le moment des jugements ou de la honte ou de la compréhension ou de l'analyse. Remarquez simplement que vous ressentez ce que vous ressentez et revenez à l'essentiel: l'esquimautage. Le moment d'explorer cette peur se situe avant ou après, mais pas pendant. Il y a de réels dangers à éviter et être effrayé ne peut vous aider: seule l'action le peut. Quelques trucs pour surmonter sa peur:
Tôt ou tard, c'est inévitable, vous allez vous faire retourner par un rocher et peut-être que cela va faire mal. La plupart du temps, ce n'est pas très grave. Encaissez le coup et continuez. N'oubliez pas que devant chaque rocher se trouve un bourrelet; l'eau n'est pas compressible et amortit les chocs. Les impacts à pleine vitesse sont rares en kayak.
Mais quitte à prendre votre raclée, autant le faire de la manière la moins douloureuse, et voici les éléments qui pourront vous aider:
C'est un sport de contact uniquement si vous ne faites rien contre; heureusement, il n'existe aucune règle vestimentaire en kayak, chacun est libre de s'équiper comme il l'entend.
D'après de nombreuses expériences, je dois dire qu'utiliser le fond comme appui est une stratégie incertaine pour esquimauter, tout spécialement lorsqu'il y a du courant. Les risques objectifs incluent casser la pagaie, se la faire arracher des mains, se blesser aux épaules... non vraiment, dans 99% des cas, il est préférable d'utiliser la surface de l'eau pour esquimauter, comme si l'eau était profonde.
Ceci est tout spécialement vrai si vous êtes côté aval tout en vous déplaçant vers l'aval. Si votre pagaie touche le fond et tape quelque chose, ou si votre pale se coince quelque part, il est très probable que les choses vont mal se passer. Si votre esquimautage 'normal' n'est pas sûr, sachez qu'il peut devenir 100% sûr avec de l'entraînement. Ce n'est pas vrai pour l'esquimautage "avec le fond quand c'est possible": lorsque ce style d'esquimautage fonctionne, on appelle ça une extraordinaire coïncidence... un heureux hasard.
En résumé, lorsque vous vous renversez dans un spot peu profond, éloignez-vous des dangers et esquimautez. Si vous atterrissez dans une configuration particulière (rouleau, bourrelet), esquimautez de façon adaptée. Si les dangers sont plus sérieux, esquimautez au plus vite et gérez-les ensuite.
Ceci, bien entendu, sous-entend que vous savez esquimauter de façon fiable en eau plate, de tous les côtés et de toutes les manières. Une fois cela acquis, le reste est une question de connaissance des dangers et d'habitude à réagir de façon adéquate. Réussir cela vous ouvre toute une panoplie de nouvelles rivières, et constitue une récompense en soi... car personne n'aime taper les rochers en étant à l'envers.
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